Quel sacré luron, ce Jésus !

En attendant la fin de mes aventures trépidantes à Moïssala, qui vont commencer à sentir le réchauffé, je vais aborder un sujet que j’ai peu évoqué jusqu’à présent, la religion. Il y a beaucoup de choses à en dire et ce n’est là qu’une petite mise en bouche, pour flatter la papille en attendant plus consistant. Mais je ne vous donne pas le plat de résistance tout de suite, vos estomacs ne sont pas encore préparés.

Je retrouve dans les célébrations un répertoire de chants liturgiques que j’avais pour certains connus au cours de mes jeunes années et qui, à la faveur de l’évolution des sensibilités et des modalités du discours religieux comme diraient les sociologues, ont fini par disparaître du répertoire familier des messes dominicales – même si je dois bien reconnaître que cette dernière information est sujette à caution, car je ne fréquentais plus en France l’église que de façon sporadique. D’autres cantiques remontent, je pense, à la jeunesse de mes parents, vu l’imaginaire et l’écriture qui les sous-tendent. C’est donc tout un patrimoine dépoussiéré qui revit ici, et je vous livre une perle dont j’ignorais l’existence – du même tonneau, c’est le cas de le dire, que les anges dans nos campagnes, mais plus « bourguignon ». Il a fallu que je vienne au Tchad pour découvrir ce morceau de bravoure à la fois stylistique et théologique, qui sent bon un certain art de vivre, le terroir et un sens des hiérarchies, peut-être pas célestes, mais non moins essentielles – j’ai envie d’écrire des hiérarchies lestes, ce qui n’est pas si loin de célestes.

Voici :

« Aux noces de Cana, ce fut la grande fête

Mais quand le vin manqua, on se tourna vers Toi

Allez chercher de l’eau et faites-là goûter

Il me faut du bon vin pour finir ce repas. »

… et si vous avez un morceau de saucisson, c’est pas de refus non plus.